Observation générale :
Par un balayage des mécanismes de mémorisation mis
en parallèle avec l'organisation des mémoire électroniques,
l'auteur expose le processus de création de connaissance sur
les réseaux. L'incidence de la prise en compte à la fois
des actions des membres du réseau et de l'environnement informationnel
est mise en avant dans le processus de création de la connaissance.
La dernière partie trace les perspectives des réseaux
hypertextuels et de leur capacité à favoriser les apprentissages.
Mémoire :
On ne se rappelle pas forcément de ce que l'on croit avoir compris.
La mémorisation passe par un ordonnancement des idées.
La mémoire humaine est composée de codages successifs
: visuels, graphiques, auditifs, lexicaux, sémantiques. La mémoire
informatique est une prothèse de la mémoire humaine, elle
est constituée de l'histoire des actions individuelles conditionnée
par la mémoire collective.
Système
d'information :
Les données sont des ressources qui se transforment en produits
informatifs par un processus d'ajout de valeur. La réception
d'un message n'est pas un enregistrement passif, chacun sélectionne
en fonction de ses habitudes sociales. Les méthodologies traditionnelles
de modélisation de l'information sont devenues insuffisantes
car elles correspondent à des univers clos alors que les systèmes
d'information modernes sont répartis, distribués.
Réseau :
Dans un réseau, l'individu est placé au centre d'un dispositif
dont il n'a pas la maîtrise et les repères cognitifs antérieurs
sont rompus. Le réseau est un espace de travail intellectuel
collectif dans lequel, selon Noyer (94) les êtres, les signes
et les choses trouvent une dynamique de participation mutuelle et échappent
aux séparations des territoires. Le réseau constitue une
mémoire collective qui repose sur un principe d'auto-organisation
de la construction collective, d'enseignement réciproque et des
consciences mutuelles. L'utilisateur doit interagir , chose, nouvelle,
il passe d'un dispositif mass-médiatique à un univers
où il doit prendre l'initiative de se façonner son espace
informationnel.
Information
et connaissance :
L'information se transforme en connaissance par l'interaction de chacun
"on assiste à la construction récursive de pensée
et de constitution des savoirs...". Pour que l'information soit
produite, il faut que l'acteur humain la perçoive à travers
des événements dont la valeur informationnelle tient aux
trois paramètres : probabilité, pertinence et effet. La
communication ne s'établit que si des règles sociales
et des intérêts communs existent. Reprenant Bateson, l'auteur
avance que l'organisation d'une nouvelle information produit une perturbation
qui déséquilibre le champ cognitif alors enrichi. Citant
Piaget et Polanyi, il s'appuie sur la dynamique d'émergence et
d'auto-organisation qu'on retrouve dans la théorie des systèmes
complexes où le fonctionnement en réseau du cerveau humain
fait ressortir la capacité à apprendre en intégrant
la nouveauté par une nécessaire stratégie de l'activité
intellectuelle, l'intention. Enfin par un parallèle fait entre
les niveaux tacite et implicite de la connaissance, l'auteur nous dit
que la connaissance se crée et se transmet par interaction sociale
telle une spirale qui passe d'un niveau à l'autre en permanence.
Cognition distribuée
:
Confronté au réseau, l'individu se trouve en situation
de production de connaissance dynamique du fait des relations qu'il
entretient avec son environnement informationnel. Le domaine cognitif
est alors constitué des interactions avec les autres ainsi qu'avec
son environnement informationnel. La production de sens ne se fait pas
de façon planifiée, elle n'intervient qu'à posteriori
lorsque l'acteur est parvenu à interpréter les faits et
les intentions des partenaires du réseau. Dans ce contexte, chaque
acteur dispose de son propre champ cognitif et l'intersection des champs
cognitifs des différents acteurs représente l'environnement
cognitif partagé. La structuration hypertextuelle de l'information
en réseau est assimilée à une forme sémiotique
de l'intelligence répartie. L'hypertexte autorise l'entrée
au niveau de détail d'information voulu, créant ainsi
des stratégies qui constituent des contextes informationnels
différents. C'est un type d'organisation qui favorise l'initiative
et accroît la capacité de l'acteur à acquérir
et à accumuler de la connaissance. C'est à la fois un
type d'organisation et un processus qui conduit à ce que Pierre
LEVY a désigné comme étant l'intelligence collective.
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