Observation générale
:
En s'appuyant sur la théorie Peircienne, les auteurs analysent
les modes d'interprétance des documents hypermédias. Ils
proposent des pistes pour construire une méthodologie d'analyse
des documents hypermédias essentiellement située dans
la secondéité et prenant en comprte les aspects sémiologique,
pragmatique et psycho-cognitif.
Hypermédia :
L'hypertexte est une technique de mise en forme de documents mis en
relation par indexation dynamique. L'ajout de composants multimédias
en fait l'hypermédia. En s'inspirant du modèle triadique
de Peirce, il est possible d'identifier trois niveaux de lecture d'un
document hypermédia. Les auteurs proposent un modèle d'analyse
des documents qui prend en compte la dimension sémiologique avec
l'étude du document tel qu'il se présente, puis, la dimension
pragmatique avec l'analyse de la relation de l'utilisateur au document,
et enfin, la dimension psycho-cognitive avec l'analyse des formes de
savoir construites. Chacune de ces trois dimensions étant à
son tour trichotomisée. On distingue trois niveaux dans la dimension
sémiologique : les signes eux-mêmes abordés en trois
classes : icônes, indices, symboles; les signes rapportés
à leur objet : ceux qui ont une fonction esthétique ou
logicielle (de navigation par exemple) et les signes d'interprétance
: interprétant direct (apparence), interprétant dynamique
(les liens) et interprétant final (l'information assimilée).
La dimension pragmatique est décomposée en trois niveaux
: contemplation, navigation et réflexion. Enfin, la dimension
psycho-cognitive fait état des trois niveaux suivants : savoirs
de forme intuitive, savoirs de forme répertoriante et savoirs
de forme argumentative. On note que ces trois formes de savoir peuvent
être mises en parallèle avec les trois formes de mémoire
de Berten : mémoire iconique, mémoire sémantique
et mémoire procédurale.
Interprétance
:
La détermination dernière du sens est tributaire du contexte
de réception du document. Cette opération se fait selon
un principe de lecture négociée du fait que le document
présente les éléments de cette négociation
sur lesquels le lecteur peut s'appuyer. Le processus d'interprétance
se déroule en trois temps. L'interprétant immédiat,
la compréhension correcte du signe, intervient en premier temps.
En deuxième lieu, le signe renvoi à d'autres signes à
la recherche de son sens. Et enfin l'interprétant final clôture
le sens. C'est l'activité du signe dans laquelle l'interprétant
renvoie à lui-même. L'interprétant final détermine
une habitude.
Signe :
Peirce a bâti sa sémiotique sur l'analyse phénoménologique
de la substance de l'être. Il formule l'hypothèse de l'existence
de trois catégories qui sont la priméité, la secondéité
et la tiercéité. Ainsi tout signe a une structure triadique
constituée du signe qui est le signifiant, de l'objet qui est
le référant et de l'interprétant qui est une sorte
de représentation sociale. Le signe est donc doté d'une
dynamique interne qui constitue un système trichotomique : au
plan de la nature (la priméité) le signe peut être
un qualisigne, un sinsigne ou un légisigne. Au plan de la manière
dont le signe renvoie à son objet (secondéité),
il peut être iconique, indexical ou symbolique. Enfin au plan
de la manière dont l'interprétant crée la relation
entre le signe et son objet (tiercéité), il peut être
rhématique, dicent ou argumental.
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